Klimt, Gustav (1862-1918)

Les deux amies, 1916/17, huile sur toile, 99 x 99 cm

034
Le tableau de Klimt restitué.

Indifférent au bouillonnant XXe siècle qu’il est en train de vivre, Klimt n’est le peintre ni de la femme, ni de l’érotisme, il est celui d’une obsession. La fille qui attise le feu, la mère qui l’éteint. Cette peinture montre une féminité qui a du mal à exister dans la tête d’un homme immature. S’il a le génie de la forme et de la couleur, des idées qui sont celles de son temps, il est meurtri par une sexualité coupable et inavouable.

Les nazis ont transféré la collection d’August Lederer (ce dernier décédé en 1937), à laquelle appartenait ce tableau, au château d’Immendorf, dans le sud de l’Autriche, pour la protéger des bombardements alliés sur Vienne. Nous sommes le 8 mai 1945. Les unités SS en déroute commettent alors les pires exactions. Les officiers SS organisent une orgie toute la nuit dans les appartements du château. Le lendemain, des explosifs sont posés et mis à feu. Le château d’Immendorf a brûlé pendant quatre jours, ses ruines ont ensuite été démolies…

La sensualité gênée qui se dégage de cette œuvre est liée au pouvoir de la ligne des contours sur de vastes champs colorés. Chaque élément agit comme détail qui attire l’attention sans la retenir bien longtemps. Notre œil de spectateur circule donc d’un endroit à l’autre, pris dans ce jeu frivole. Le format carré de la toile participe à cette indécision du regard.

P1040680
Le château d’Immendorf où était conservé le tableau disparu.

(c) Daniel Lagoutte