Le jardin public d’Arles, septembre 1888, huile sur toile, 74 x 82 cm
Vincent écrit à son frère Théo : « Ce matin de bonne heure je t’ai écrit, puis je suis allé continuer un tableau de jardin ensoleillé. Puis je l’ai rentré – et suis ressorti avec une toile blanche… » « … un jardin naturellement vert, est peint sans vert proprement dit, rien qu’avec du bleu de Prusse et du jaune de chrome… » « … C’est un jardin public où je suis, tout près de la rue des bonnes petites femmes, et Mourier par exemple n’y entrait guère lorsque, pourtant presque journellement, nous nous promenions dans ces jardins, mais de l’autre côté (il y en a 3). Mais tu comprends que juste cela donne un je ne sais quoi de Boccace à l’endroit. Ce côté-là du jardin est d’ailleurs pour la même raison de chasteté ou de morale, dégarni d’arbustes en fleur tel que le laurier-rose. C’est des platanes communs, des sapins en buissons raides, un arbre pleureur et de l’herbe verte. Mais c’est d’une intimité. Il y a des jardins de Monet comme cela. » (Lettre du 18 septembre 1888).
Ce tableau détruit de la Collection Arnhold a brûlé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les tableaux de Van Gogh sont tactiles. Ils invitent à « brouter » la surface picturale pour reprendre l’expression utilisée par Paul Klee. C’est en ajoutant un jaune de Naples, à partir du bas au centre vers le haut à gauche, en suivant ensuite une courbe enveloppante vers la droite et le haut, que le tableau a enfin retrouvé sa plénitude, invitant le regard à le parcourir.
(c) Daniel Lagoutte