Les quatre saisons, vers 1485 – 1490, peintures sur bois, 78 x 21 cm chacune
Plusieurs fois perdus et retrouvés, ces quatre panneaux servant de décorations murales ont de nouveau mystérieusement et définitivement disparus depuis la fin des années cinquante. Aucune recherche pour les retrouver n’a pu aboutir. Les historiens les considèrent comme définitivement détruits. Cette série de tableaux disparus présente un intérêt historique particulier parce que c’est la première suite homogène d’allégories des saisons attestée dans la peinture de la Renaissance. On possède seulement les photographies en noir et blanc des peintures. Elles sont ici restituées en tenant compte de l’utilisation des couleurs par Botticelli.
L’intérêt de ces tableaux réside dans le fait que les couleurs comme les lignes suivent une spirale sur un plan frontal. Botticelli connaît bien La Divine Comédie de Dante puisqu’il l’a illustrée. En voici la structure : deux cônes spiralés, la tour de Babel au-dessus de la terre, l’enfer en-dessous. Cette spirale fait partie d’une longue tradition chez les artistes. Elle est nommée spirale de vie, ou ligne serpentine. C’est ce principe qui a guidé ici la reconstitution des tableaux disparus.
Dans l’Automne, des fruits, on passe au ventre de la figure que l’enfant soutient de ses mains. La mère pourrait être enceinte. Un détail qui ne peut être anodin : cet enfant possède un pied chaussé, l’autre nu, son pied gauche. En ésotérisme, c’est là le signe que nous avons affaire à un initié.
Alors, à partir de l’Automne, se précisent des relations entre les quatre panneaux. On s’attachera à les relier par les rythmes colorés jaunes, noirs, roses, rouges.
| Saisons | Ages de la vie | Caractères | Eléments | Signification ésotérique |
| Automne
|
Plénitude | Atrabilaire
(jaune) |
Eau | Retraite pour couver |
| Hiver | Vieillesse | Flegmatique
(noir) |
Feu
|
Meurs pour renaître |
| Printemps
|
Enfance | Sanguin
(rose) |
Air | Séduire |
| Eté
|
Adolescence | Bilieux
(rouge) |
Terre | Produire, réaliser
Engranger |
Avec l’Hiver, la spirale se fait sinusoïde, de la tête au genou droit de la vieille femme, puis vers son pied gauche. Les flammes du bûcher montent en spirales. Avec le Printemps, on retrouve la sinusoïde reprise même dans le détail des drapés. C’est enfin dans la figure de l’Eté que s’affirme avec le plus de dynamisme cette sinusoïde.
De l’Automne à l’Eté, nous avons successivement appliqué les couleurs dans l’ordre, selon les principes de l’alchimie : depuis le jaune jusqu’au rouge, le dernier panneau superposant les quatre couleurs pour sa réalisation.
(c) Daniel Lagoutte