Nu mi couché aux yeux bleus, 1936, huile sur toiles, 46 x 33 cm
Matisse et Picasso s’intéressent à leur propre processus d’élaboration créatrice. Matisse prend l’habitude d’en photographier les étapes et de noter les modifications. Nous montrons ici les deux états de réalisation de Nu couché aux yeux bleus qui ont retenu son attention et qui ont été détruits par les transformations successives. Est ainsi visualisée la recherche de Matisse.
Pour réaliser cette restitution, nous nous sommes appuyé sur ce que rapporte son assistante, Lydia Delectorskaya, dans « … l’apparente facilité… Henri Matisse, Peintures de 1935-1939 » (Adrien Maeght Editeur, 1986), deux photographies en noir et blanc rendant compte de l’état de la peinture à l’issue des deux journées de travail précédant l’étape définitive. Elles sont accompagnées de textes qui sont les notes dictées après chaque séance de travail par Matisse à Lydia Delectorskaya.
En fait, le tableau est le résultat de couches successives de couleur posées en aplats. La profondeur y est indécise plutôt qu’absente. Matisse procède par essais et erreurs corrigées. Il explique : « Je ne peux chercher que par tâtonnements, en modifiant sans cesse mes compartiments de couleurs et mes noirs. » Ensuite, il évoque le temps d’élaboration : « Quand je travaille, c’est vraiment une sorte de cinéma perpétuel. » (Propos rapportés par G. Diehl, 1954).
(c) Daniel Lagoutte