Peintre de l’Antiquité romaine

Narcisse, Ier siècle de notre ère, peinture murale

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Restitution du décor romain sur un mur.
narcisse
Gravure extraite du livre de Blaise de Vigenèse (1614).

Les descriptions de Philostrate, rhéteur du second siècle de notre ère, dans La Galerie de tableaux, constituent plus qu’un document unique sur la peinture antique : elles ont inspiré les plus grands artistes de la Renaissance.  Ces descriptions d’œuvres visuelles, tableaux ou sculptures, s’appellent des ekphrasis Il n’est pas certain que la Galerie ait existé, mais les descriptions ont enflammé à tel point les imaginations de nombreux artistes et poètes qu’ils  crurent avec enthousiasme, comme le Titien et Goethe, à la réalité de ces images.

Dans l’un de ses commentaires où il s’adresse à un enfant, Philostrate évoque la figure de Narcisse se mirant dans l’eau d’une fontaine : « Cette source reproduit les traits de Narcisse, comme la peinture reproduit la source, et Narcisse lui-même et l’image de Narcisse. » et Philostrate poursuit : « Les deux Narcisse sont semblables, brillent de la même beauté ; mais l’un se détache sur un fond qui est le ciel, l’autre est vu comme plongé dans la source. Le jeune homme se tient immobile au-dessus de l’eau qui est immobile, ou plutôt qui le contemple fixement et est assoiffée de sa beauté ». Ce n’est donc pas Narcisse qui regarde l’eau parce qu’il a soif, mais l’eau qui regarde Narcisse parce qu’elle a soif de sa beauté.

Dans un premier temps, nous avons tenté de restituer ici un de ces tableaux en nous référant à une gravure extraite de l’ouvrage de Blaise de Vigenèse en 1614. Mais cette restitution est trop subordonnée à la conception générale qui est celle de l’époque classique et du tableau de chevalet : plans successifs, perspective, composition équilibrée. Ce ne pouvait correspondre à l’image d’une peinture antique.

Une première restitution dans l’esprit classique du XVIIe siècle.

L’espace de l’antiquité romaine est tout autre. La peinture est soumise à l’architecture, elle est décorative et colorée. Sur le mur, elle réalise un lieu imaginaire, un décor théâtral, non réel, enfermant des scènes qui sont comme des trouées vers l’horizon. C’est qu’à l’intérieur de sa demeure le maître entend dominer le monde.

(c) Daniel Lagoutte