Boucher, François (1703-1770)

Le berger endormi au flageolet, huile sur toile, 20 x 15 cm

021-001
Restitution du tableau disparu de Boucher.

     Boucher a créé tout un monde enchanteur de bergers et bergères. Il excelle dans ce genre de scènes qu’on nomme « pastorales ». Il est le peintre de la femme, des enfants, de la jeunesse pleine de santé. Ce petit tableau disparu est très représentatif de la mode qui sévissait au cours du XVIIIe siècle. Il faisait peut-être partie d’un décor intérieur dans le style rococo. C’est là d’évidence un berger d’opérette.

      Le 16 mai 2002, des gendarmes fouillent dans le canal Rhin-Rhône, près de Gerstheim, à la recherche d’une peinture de Boucher, volée au musée de Chartres en 1996. Le cambrioleur est Stéphane Breitwieser. Il collectionne ainsi 172 œuvres et objets volés. Au moment d’être arrêté, la mère du cambrioleur a détruit toutes les œuvres, entreposées chez elle, pour faire disparaître le corps du délit. Ecrouée, elle a avoué les avoir jetées dans le canal ou dans le vide-ordures, après les avoir lacérées… Le voleur se donne bonne conscience : « Après mon vol, et après les recherches que j’ai effectuées, le musée a dû reconnaître qu’il s’agissait en fait d’une école anonyme de la même époque. »

          C’est un fond de préparation rouge, l’imprimature, qui a été nécessaire pour accorder toutes les couleurs entre elles. Ensuite le dessin a permis de définir les éléments de la composition.

           Les cimes des arbres à l’arrière-plan par leurs formes arrondies sont reliées aux nuages. La partie centrale du tableau est occupée par le ciel. Légèrement rose, celui-ci forme une spirale qui paraît embraser la nature alentour. Ce ciel mouvementé enveloppe le sommeil du berger. La source de lumière occupe le centre du tableau, en une sorte de boule lumineuse autour de laquelle tout semble tourner. Elle éclaire particulièrement le berger, les moutons, le chien et donne leur relief aux végétaux. Les arbres de la partie droite prennent sous l’effet de la lumière des reflets dorés, tandis que la partie gauche, située dans l’ombre, est déclinée dans des coloris bleutés. Au centre de la scène, le berger est habillé de couleurs vives.

           Pour redonner vie à ce tableau détruit par la bêtise humaine, il fallait respecter la touche rapide de Boucher qui confère vie et dynamisme à l’ensemble et qui donne une impression de « non-fini », pour un tableau fait pour être vu de loin, d’un coup d’œil, inséré dans un ensemble décoratif.

P1040664
Jeté dans ce canal, le tableau n’a jamais été retrouvé.

(c) Daniel Lagoutte