GÉRICAULT, Théodore (1791-1824)

Portrait de la Meuricoffre en Tancrède, 1817
Huile sur toile, 54 x 64 cm

 

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Le tableau reconstitué représentant la Meuricoffre.
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Le portrait du carabinier du musée de Caen.

      Géricault aurait peint le portrait de la chanteuse Céleste Coltellini-Meuricoffre lors de son séjour à Rome en 1816-1817. Elle est figurée ici dans le rôle de Tancrède, un opéra de Rossini créé en 1813 et qui souleva l’enthousiasme. Ce rôle-travesti de chevalier de Syracuse est toujours tenu par une femme, portant l’armure.

     Selon Adrien Goetz, dans son roman (La dormeuse de Naples, 2004), « Théodore entreprit le portrait de la belle Céleste, il lui mit une cuirasse d’officier de la vieille garde qui traînait dans un placard avec la ferraille qui avait servi pour le Cuirassier blessé quittant le feu et il décréta qu’elle posait dans le rôle de Tancrède, l’un de ses succès, car elle excellait à chanter Rossini. » Géricault continua sa carrière à Paris. « Quant au Portrait de la Meuricoffre en Tancrède, poursuit Adrien Goetz, il existe toujours. Un jour de rage, au moment de rupture, Théodore lui ajouta des moustaches, replâtra le visage. C’est l’Officier de cuirassiers du musée de Rouen. »

      L’histoire est séduisante. Cependant, un problème de date subsiste. Pour respecter la biographie de Géricault, il faudrait admettre que le tableau de Rouen ait été réalisé en 1819 et non en 1813 qui est la date proposée par les historiens d’art.

    Sur son lit d’agonie, Géricault a regardé cette peinture jusqu’à son dernier souffle. Peut-être lui rappelait-elle à la fois la Meuricoffre et les tableaux à sujet militaire qui lui valurent la notoriété.

     Nous avons pris un calque du Cuirassier en supprimant moustache et favori, et en affinant le menton. Restait à transformer la chevelure masculine en lui substituant une chevelure féminine d’époque. Nous retrouvions le visage à la beauté fanée de la chanteuse alors âgée de 57 ans. Restait à supprimer le cheval. Mais le rythme général qui anime le tableau impose cette courbe. La forme des nuages pouvait remplir cette fonction. Ce Portrait de la Meuricoffre est alors un bel exemple de tableau détruit par son auteur pour en réaliser un autre.

(c) Daniel Lagoutte