Le Retour de conférence, 1863, huile sur toile, 81 x 100 cm
Ce fameux tableau est aujourd’hui détruit. Il ne nous en reste le souvenir par deux esquisses et une photographie du tableau achevé.
Il s’agit pour Courbet de provoquer la critique : « Je vais arriver avec ma toile faite, je la présenterai au Salon. Ce qu’on va hurler ! ». « J’avais fait ce tableau pour qu’il soit refusé, j’ai réussi. C’est comme cela qu’il me rapportera de l’argent. » Exclu de ce Salon et même du Salon des refusés de 1863, Courbet a fait réaliser par le photographe Bingham une image du Retour de conférence, afin de diffuser l’image du tableau censuré. En 1867, l’État fait détruire les clichés, provoquant l’indignation de l’artiste.
Le peintre jugeait son tableau « capital », c’était pour lui un moyen de défier le pouvoir impérial, de se confronter à la censure, d’exprimer par la farce son anticléricalisme.
Après diverses tribulations, l’œuvre fut achetée en 1900 par un financier, catholique exalté, à seule fin de la détruire. Ce qui fut fait.
Qu’on imagine cette peinture qui, à l’origine faisait 2,30 m x 3,30 m. Pour des raisons matérielles, on a dû se limiter ici à des dimensions plus modestes. La toile a été enduite d’un fond presque noir laissant deviner un dessin précis. Progressivement, par touches colorées, on est remonté vers la clarté, en gardant présent à l’esprit comment, en photographie, agit le révélateur sur la pellicule lors du développement. Dans les premiers plans, la pâte colorée est posée en couches épaisses presque sèches pour créer une matière bien présente.
(c) Daniel Lagoutte