La Joconde nue, vers 1515 – 1518, huile sur bois, 72 x 54 cm
Le musée de Chantilly conserve un dessin dit de « La Joconde nue ». On se demande si Léonard de Vinci n’en serait pas l’auteur, ou bien son élève Salai. Le dessin est percé de petits trous sur les lignes de contour, en vue de le transférer sur un panneau ou une toile. Ce qui donne à penser qu’un tableau a été réalisé à partir de ce dessin. La femme pourrait être alors une Flore, ou le Vice compte tenu de l’expression de son visage. Peut-être Léonard a-t-il envisagé de produire un pendant à « La Joconde », cette dernière serait alors un symbole de la Sagesse.
Le support est un panneau de bois. Selon le principe du clair-obscur cher à Léonard, il fallait faire émerger de l’ombre une figure lumineuse aux contours flous. Sur le support, l’imprimature (la couche de préparation) est appliquée en Terre de Sienne brûlée. Le dessin est esquissé. La couleur peut être apposée en glacis successifs. C’est le milieu des volumes qui est soigneusement travaillé. Il faut imaginer que les volumes représentés pointent vers nous en sortant de l’ombre brune. Les formes sont ainsi délicatement définies par les effets de clarté qui sont de quatre ordres : la lumière souveraine qui domine (on l’appelle aussi lumière propre), la lumière glissante qui façonne les volumes, la lumière perdue dans l’ombre (mais qui possède la même tonalité que la partie directement éclairée) et la lumière réfléchie qui est le reflet coloré des objets environnants à prendre en compte pour établir l’harmonie entre les choses. Cette description paraît complexe dans son exposé, mais la recherche d’unité dans la variété reste la principale préoccupation du peintre, une unité physique, psychologique et spatiale.
(c) Daniel Lagoutte