La Dormeuse de Naples, 1808, huile sur toile, 97 x 162 cm
Cette peinture a été réalisée à l’époque où Ingres était pensionnaire de l’Académie de France à Rome, exposée en 1809, et achetée aussitôt par Murat, alors roi de Naples. En 1814, la reine Caroline Bonaparte commandait à Ingres un pendant oriental à ce tableau, ce sera La Grande Odalisque conservée au musée du Louvre. Qu’est devenue La Dormeuse de Naples ? En 1815, après la chute de Murat et le pillage de son palais, les tableaux disparaissent. La Grand Odalisque est retrouvée par Ingres à Naples, chez le comte de Narbonne-Pelet. Mais La Dormeuse de Naples a mystérieusement disparu. Inconsolable, Ingres tente diverses démarches pour la récupérer afin de l’exposer au Salon de 1833. Il écrit en 1832 à Caroline Murat et réalise de mémoire un croquis pour conserver un souvenir du tableau disparu et permettre d’en retrouver la trace. En vain. Ce tableau perdu se situe entre deux glorieux nus d’Ingres : la Baigneuse de Valpinçon et la Grande Odalisque. D’où son importance.
Plusieurs versions coexistent concernant le destin de l’œuvre disparue ou détruite : Le photographe italien Teodorico rapporte en 1861 que Géricault, dont il avait été autrefois l’élève, possédait La Dormeuse. De son côté, un ancien élève d’Ingres dit savoir que Joseph, le modèle noir de Géricault, aurait emporté la toile quelques jours avant la mort du peintre pour la vendre sans succès en Angleterre ou Italie. Autre version toujours relative à Géricault : il l’aurait utilisé comme support pour l’un de ses tableaux. On suggère celui des Courses à Epson. Pour cela, la toile aurait été découpée et montée sur un nouveau châssis. On a avancé enfin que le tableau se trouverait masqué sous un autre, un faux attribué à Luca Giordano (1634-1705) et conservé au musée de Naples.
Ajoutons que lors du pillage du palais de Naples, le peuple aurait saccagé le tableau de la Dormeuse, considérant que c’était là un portrait de Caroline nue. Les spécialistes affirment aujourd’hui que le tableau a été définitivement détruit en 1815.
Comme Ingres, nous avons travaillé sur une toile de trame assez grossière, irrégulière. Cette technique permet de conserver sous-jacent la blancheur de l’apprêt.
(c) Daniel Lagoutte