Les Ménines, 1656, modifié en 1659, huile sur toile
Le tableau dans sa version de 1659, tel qu’il se présente aujourd’hui au musée du Prado à Madrid.
La peinture représente l’artiste lui-même, auteur du tableau, en train de peindre ce tableau. On y voit Velásquez, les ménines (les demoiselles d’honneur), l’infante Marguerite, les deux nains à droite, les duègnes, José Nieto au fond.
Nous autres, spectateurs du tableau, regardons celui qui nous regarde et qui en train de nous peindre. Mais les grandes questions restent celles-ci : Sommes-nous, spectateurs quelconques, regardés à la fois par le peintre, par le couple royal (tableau du fond) et par José Nieto ? Sommes-nous à la place du couple royal dont le miroir au fond du tableau renvoie le reflet ?
Si l’on s’est perdu en conjectures pour comprendre la signification du tableau, on s’est récemment aperçu que le tableau avait été remanié : à l’origine, il aurait eu pour objectif de reconnaître l’infante Marguerite comme héritière du trône.
La radiographie des Ménines a révélé en effet bien des éléments utiles à l’interprétation. Dans le tableau d’origine, en 1656, à la place de Velásquez peignant, on croit deviner des personnages dont l’un désignait l’infante comme héritière du trône en lui présentant un bâton de commandement, et une tenture rouge avec une table ornée d’un vase. En ce moment-là, l’infante était encore l’héritière du trône d’Espagne. Le chien et l’anneau que tient la naine Maribárbola étaient des symboles de fidélité. Sur le mur du fond, ce n’était donc pas un tableau mais un miroir réfléchissant le couple royal qui était situé au centre du tableau. Les Ménines, c’était donc un portrait de famille destiné à être vu par le roi et sa famille.
Quand en 1657 naît l’infant Felipe Prὀspero, le tableau perd son sens. Il est alors décroché des salons officiels, découpé en partie et repeint en 1659 avec l’autoportrait du peintre. Dès lors, l’interprétation du tableau devenait ambigüe.
Pour la restitution aux bonnes dimensions, la situation du miroir a servi de repère. En fin de compte le tableau devait être de format carré. Nous avons dû imaginer la partie manquante pour la substituer à celle de Velásquez peignant.
(c) Daniel Lagoutte.