Gorky, Arshile (1904-1948)

The Calendars (Les Calendriers), 1947, huile sur toile, 86.4 x 104,1 cm

Gorky (1)

Le peintre américain, d’origine arménienne, Arshile Gorgy, ne parvient que tardivement à pleinement se réaliser. En 1948, lors de l’exposition de ce tableau intitulé The Calendars (Les Calendriers), le grand critique d’art Clément Greenberg salue en lui le chef-d’œuvre de la peinture américaine.

            Cette toile de Gorky traite les choses à la façon d’un cryptogramme, imbriquant vie, souvenirs personnels et préoccupations artistiques. Souvent, le spectateur se lasse de chercher à découvrir la signification de ses œuvres, seuls certains amateurs parviennent à suivre le fil conducteur qui lie les éléments. Ici, nous sommes à l’intérieur de la maison du peintre, la Glass House, dans son environnement familial. Gorky est à droite avec sa femme devant lui qui s’occupe de leur bébé, Natasha, dans son berceau. Au centre, un chien nous regarde. Derrière, se trouve la seconde fille du couple, Maro, dans un fauteuil. Dans l’axe, une cheminée capte notre attention. Au-dessus, les deux calendriers qui donnent le titre au tableau représentent une image érotique à gauche, un oisillon à droite.

            Les dernières années de la vie de Gorky se passent de manière dramatique : accident d’automobile, incendie de son atelier, départ de son épouse. Epuisé, Gorky se pend un an après que ce tableau ait été réalisé.

            Cette toile a été achetée et conservée dans l’Executive Mansion à Albany dans l’état de New York, c’est la résidence officielle du gouverneur de New York, là où plusieurs futurs présidents ont habité. En 1961, un incendie détruit la riche demeure ainsi que l’œuvre de Gorky. Nelson A. Rockefeller et sa femme, Mary, ont été sauvés de justesse de l’immeuble en feu.

            L’exécution de cette reconstitution a demandé une longue réflexion. Il fallait retrouver l’aspect spontané de l’écriture plastique de l’artiste, respecter le ton confidentiel du sujet en mettant toutes les couleurs en sourdine. La lumière doit baigner l’intérieur sans agresser les formes. Pour y parvenir, les couleurs de préparation, le bleu et le rose, jouent un rôle important. Chaque endroit de l’espace pictural doit être vivant, animé de touches vivement posées contenues dans de fins contours noirs. La technique de Gorky remet en cause tout ce que l’on croyait connaître de la tradition picturale. Un travail forcené de réinvention ! L’œuvre, ni abstraite, ni vraiment figurative, doit tenir le coup.

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La première page du Times Union le matin après l’incendie.
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Etat de l’intérieur de la Résidence des gouverneurs dans l’Etat de New York où le tableau intitulé The Calendars fut détruit dans l’incendie de 1961.

 (c) Daniel Lagoutte