Liseuse en blanc et jaune, 1919, huile sur toile, 27 x 35 cm
Ce tableau détruit fait partie des sept peintures volées au musée Kunsthal de Rotterdam en octobre 2012 et qui ont été brûlées en Roumanie, dans un poêle, par la mère du voleur. La police a retrouvé « des restes de tableaux, un ou plusieurs, avec des traces de peinture bleue, jaune et rouge et des clous. ».
Il subsistait une image en couleur de cette peinture disparue. Il fallait en retrouver l’éclat propre à Matisse. Pour cela se référer aux remarques émises par l’artiste lui-même en 1908 et tenter d’appliquer ses recommandations : « Construisez avec des rapports de couleurs, proches et éloignées – équivalents aux rapports que vous voyez sur le modèle. Il s’agit de représenter le modèle, ou tout autre sujet, et non de le copier… J’ai toujours cherché à copier le modèle ; des considérations très importantes m’en ont souvent empêché. Pour mes études, je choisissais une couleur de fond (ici le rouge et le vert) et un coloris général pour le modèle (ici le bleu et le blanc) ; lesquels étaient évidemment tempérés pour les besoins de l’ambiance, de l’harmonie du fond et du modèle, et de l’unité de qualité sculpturale du modèle. »
« Peignez sur la toile blanche… » « Souvent, on pose deux couleurs l’une à côté de l’autre. Elles ne s’accordent pas comme on voudrait. C’est en mettant une troisième que l’on arrive au bel effet, au « coup de clairon », comme disait Van Gogh à Emile Bernard. Je prends sur ma palette des couleurs non mélangées et ce sont des nuances vierges que je pose sur ma toile. »
Ici, le fond est rouge (rideau) et vert (le tapis). La liseuse en blanc et bleu. Pour établir l’unité, le jaune sera utilisé pour le corsage et le tapis. Tout cela est très peu modulé. Le noir du miroir répond au noir de la chevelure pour introduire un déséquilibre dans ce qui serait sinon trop égal.
(c) Daniel Lagoutte