Le Radeau de la Méduse, 1819, huile sur toile, 81 x 65 cm
Un événement fit grand bruit en 1816. Après des jours de souffrance, une douzaine de survivants furent retrouvés sur un radeau à la dérive. Adoptant ce sujet pour thème, ce tableau, engagé politiquement, suscita de vives polémiques. L’opposition libérale et les jeunes romantiques en vantèrent les mérites, tandis que les défenseurs du régime et les artistes de tendance classique le condamnèrent. Si bien que, découragé, Géricault sombra dans la dépression.
La qualité des bruns qui caractérise cette immense peinture de 4,91 m. sur 7,16 m. est due à l’utilisation du bitume de Judée, alors très en vogue à cette époque. Mais cette couleur a la propriété de ne jamais parfaitement sécher, assombrissant progressivement toutes les couleurs auxquelles elle était mélangée. Géricault s’en était lui-même aperçu. On dut dès 1859 faire exécuter par Pierre-Désiré Guillemet et Étienne-Antoine-Eugène Ronjat, une copie du tableau (actuellement au musée d’Amiens) pour conserver un souvenir de cette œuvre.
Il s’agit de restituer la fougue colorée qui animait le peintre, pousser pour cela les couleurs à leur paroxysme, reconstituer les contrastes de clairs et de foncés, tout en respectant une tonalité générale brunâtre voulue par l’artiste.
(c) Daniel Lagoutte