Demi-nu, 1930, huile sur toile, 55 x 33 cm
Comme beaucoup de tableaux d’Otto Dix entreposés hors de la vue du public parce que considérés comme représentant de l’« art dégénéré » par les nazis, Le Demi-nu a a été détruit pendant la guerre.
Otto Dix reste capté par la non-joliesse de cette femme au corps gracile qui masque pudiquement sa nudité pour mieux en susciter l’érotisme. « J’ai eu le sentiment, déclare-t-il, en voyant les tableaux peints jusque-là, qu’un côté de la réalité n’était pas encore représenté, à savoir la laideur ».
Otto Dix connaît à la fin des années 20 un succès croissant toujours dans le style du vérisme. Il est fasciné par le mauvais goût, la laideur, les situations macabres et grotesques. L’esprit du temps n’est pas étranger à cet envoûtement pour ce qui est sordide, et souvent ses personnages rappellent ceux de l’opéra d’Alban Berg Lulu : thèmes des bas-fonds de la littérature, peintures illustrant les amours vénales, accumulation de crimes sadiques décrits avec la plus grande exactitude.
L’artiste peint des femmes qui sont des prostitués, des figures angoissées de la beauté tombée dans le commerce, ou bien des portraits réalistes révélant un cruel idéal de féminité. Chaque personne a pour lui une couleur spécifique. Il ne faisait rien de « gentil ».
(c) Daniel Lagoutte