Oeuvres personnelles

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Le Roi boit ! Huile sur toile, 65 x 54 cm.

La fête de l’Epiphanie commémore la visite des Rois mages à l’enfant Jésus. La famille se réunit pour choisir le roi d’un jour en partageant un gâteau où l’on a glissé une fève. Chaque fois que, coiffé d’une couronne en papier, le roi lève son verre, la compagnie est tenue de l’imiter après avoir crié : « Le roi boit ».  Le tableau de Jordaens avait été peint en une période d’instabilité politique. Au microcosme domestique correspond le macrocosme politique. Le roi reste paisible parmi le chaos, les bruits de vaisselle, le beuglement de cornemuse, les vociférations rituelles, les vomissures, l’odeur de crotte, la fumée de pipe.

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L’homme au casque d’or. Huile sur toile, 65 x 50 cm.

 Visage centré d’un homme d’âge mur casqué et revêtu d’une cuirasse. Le tableau original a été attribué à un peintre de l’entourage de Rembrandt, vers 1650. Il s’agit peut-être de Mars, dieu de la guerre. Mars fatigué, empli de fierté et de tristesse a déposé les armes. La paix succède à une période de guerre où catholiques et protestants s’étaient entredéchirés. Les couleurs et formes rendent compte de cet état. Le portrait est marqué par le croisement des diagonales évoquant une cible. Les surfaces s’entrechoquent comme les pièces d’une armure. Le soldat est devenu ici un automate immobilisé, ridicule et nostalgique.

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Forêt pétrifiée. Huile sur toile, 50 x 73 cm.

 On peut à la fois aimer et haïr la nature. La forêt en son désordre pose l’énigme du monde. La pierre figée en son état en est l’autre face qui la rend encore plus angoissante. Selon la méthode hallucinatoire de Max Ernst, qui transforme la Porte de Saint-Denis en forêt impénétrable, un bouquet de fleurs est transformé ici en forêt pétrifiée. La forêt européenne, écrit Ernst, est devenue « géométrique, consciencieuse, besogneuse, grammaticale, juridique, pastorale, ecclésiastique, constructiviste et républicaine ». Le bouquet pétrifié est un non-sens.

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Les Bergers d’Arcadie. Huile sur toile, 41 x 34 cm

 Dans la littérature grecque, le mythe de l’Arcadie parle d’un lieu au printemps éternel, animé de l’inépuisable désir d’aimer. Des bergers sont groupés autour d’une tombe sur laquelle est inscrit le message du défunt : «  Moi aussi, j’ai vécu en Arcadie, où vous vivez à votre tour… » La peinture de Nicolas Poussin traduisait l’aspect compact du groupe dont l’attention est fixée au plein centre de la toile. Ce centre rappelle celui du pôle, axe du monde autour duquel tourne la Grande Ourse, en forme de gamma. Un swastika est ainsi à peine suggéré dans cette peinture. Tout s’ordonne à partir de là. L’idéal classique défendu par Poussin est d’une grande richesse d’inspiration, complexe et savante. De l’Arcadie, il nous aura transporté vers le cosmos, voyage dans l’espace et dans le temps.

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La Forge. Huile sur toile, 60 x 73 cm.

Vélasquez avait cherché à traduire la rencontre entre deux forces aux rythmes brisés, celle où Apollon, dieu solaire, est en train de révéler à Vulcain, dieu des forgerons, la trahison de sa femme.  La lumière rasante effleure les figures, tantôt en les définissant, creusant des sillons, tantôt en les désagrégeant, rendant illisibles les figures. Le temps est comme suspendu, pétrifié.  L’art libéral figuré par Apollon, recule face aux arts mécaniques des forgerons.

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Cortège. Huile sur toile, 50 x 61 cm.

Les œuvres des Carrache et de Poussin représentent fréquemment ce qu’on appelle des « triomphes », ce sont des défilés de personnages accompagnant le plus souvent Bacchus ou Vénus montés sur un char traîné par des chevaux. On a retenu ici la structure de ces peintures, les tensions entre ce qui statique et ce qui est dynamique. L’œil entre dans la composition à gauche et suit des formes. Il s’agit de retenir les caractéristiques de ces compositions et d’abstraire les éléments figuratifs qui ne sont que suggérés pour aider à l’identification du thème pictural. Les formes se veulent organiques pour échapper à la pétrification. Alors, le minéral serait-il la source de la vie avant qu’elle ne retourne elle-même à la pierre en laquelle elle disparaît ?